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La norme sociale est construite : elle ne se produit pas naturellement mais est créée par la société dans laquelle on la trouve.
Il n'y a donc pas d'actions qui soient intrinsèquement anormales ou universellement condamnées par toutes les sociétés à tout moment. La déviance est donc situationnelle et contextuelle.

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Les contacts rudes, les percussions passent par un maximum vers sept ans. Elles sont petit à petit remplacées par la surveillance entre pairs dans les années qui suivent.

Isabelle Clair : "L’adolescence est un âge très normatif." Au collège, "il y a un rapport très dur à ce qu’il convient de faire".

Margot Déage : "Les violences physiques sont beaucoup plus nombreuses en primaire, puis décroissent ensuite au collège, et progressivement jusqu’au lycée."

radiofrance.fr/franceculture/p

Violences au collège : e-réputation et mauvais genre
France Culture · Violences au collège : e-réputation et mauvais genreLa semaine dernière a été entachée par trois actualités mettant en scène des violences extrêmes entre collégiens, et qui ont pour point commun le jeune âge des agresseurs et des victimes. Comment comprendre cette extrême violence chez les jeunes au collège ?
Estelle Platini

Margot Déage : "Une fille qui n’est pas appropriée par un garçon ou par un homme peut à tout moment basculer dans la catégorie des putes, et qlq soient ses vêtements, et qlq soient ses pratiques sexuelles."

Margot Déage : "Le fait de dire qui est une pute et qui est une fille bien, c’est un pouvoir en soi dans le groupe des filles ; qui est fortement mobilisé par certaines filles. Celles qui peuvent tomber, en général, sont les plus dures sur le sujet."

radiofrance.fr/franceculture/p @edutooters @patriarcat

Violences au collège : e-réputation et mauvais genre
France Culture · Violences au collège : e-réputation et mauvais genreLa semaine dernière a été entachée par trois actualités mettant en scène des violences extrêmes entre collégiens, et qui ont pour point commun le jeune âge des agresseurs et des victimes. Comment comprendre cette extrême violence chez les jeunes au collège ?

"Il est difficile de parler de « virilité » dans l’absolu. Ce qui est considéré comme viril dépend des milieux sociaux et de l’âge. Dans mon enquête, « être viril », c’est le fait d’affirmer son corps et sa force physique, d’être dans l’insulte sexiste. Ce sont surtout les plus jeunes qui ancrent ainsi la virilité dans le corps. Pour les plus âgés, la virilité peut passer par l’intégration professionnelle. Finalement, ce qui est défini comme viril est toujours défini par opposition au « féminin » ; donc être viril, c’est l’obligation de ne pas se « féminiser »."

"La domination sur les filles s’exprime de multiples façons. A l’adolescence elle se manifeste notamment par le contrôle direct de leur sexualité (ou de tout signe extérieur de sexualité, inscrit dans la tenue vestimentaire, la mobilité géographique, et toute forme de communication avec les garçons). Elles font ainsi l’objet de « réputations » qui les classent dans deux catégories radicalement opposées: les « filles bien » et les « putes »."

Isabelle Clair, "Les jeunes et l’amour dans les cités" (2008)

"Si une jeune femme ne suit pas l’injonction sociale d’avoir une relation sexuelle avec des sentiments, elle sait qu’elle s’expose à un rappel à l’ordre, à une sanction. Ou à la honte, la culpabilité. Ce poids de la norme sociale est d’abord intériorisé."

"Il y a, dans tous les milieux, le « spectre menaçant du pédé ». La volonté d’apparaître comme « un homme, un vrai » et garantir sa masculinité, en échappant au soupçon d’homosexualité, jugée avilissante, dangereuse. Des garçons gays de milieu favorisé m’ont confié avoir été en couple avec une fille au collège pour donner le change, brouiller les pistes."

Un entretien avec Isabelle Clair, en 2023 : ouest-france.fr/societe/sexual @patriarcat @sociologie

@estelle @patriarcat @sociologie

Sur le spectre du PD, je pense à quelques-uns de mes patients dans le Cantal, qui, en séance, faisaient état de leur homosexualité, mais certainement en dehors, pas au lycée. Et c'était durant ces 20 dernières années, récemment donc.

Et je pense à ce regard soupçonneux porté sur moi bien des fois. Est-il gay ? Il est tout de même "étrange", efféminé non ? C'était vrai dans la cité HLM où j'ai grandi dans les années 70/80 et au collège notamment. Au club d'athlétisme (j'étais athlète de haut niveau durant mon adolescence). Puis quand j'étais prof au milieu des années 90's (et le "soupçon", voire le harcèlement, ne venait pas des élèves, mais des profs - j'en ai éclaté un à la fin des 90's dans la salle des profs un jour, qui me mitraillait d'allusions à ma supposée homosexualité depuis des mois, ça faisait bien ricaner les collègues. Un jour j'ai craqué, je l'ai collé contre le mur, et menacé de le tuer sur place - ce qui a signé la fin de ma carrière dans l'enseignement.)

Et dans le Cantal donc. De manière plus "structurelle" - on ne vous dira rien (on ne dit pas grand chose d'ailleurs dans ces régions hyper-rurales) mais ça surjoue en permanence la virilité : on fait du sport, on coupe du bois à la hache, on bricole, on répare des bagnoles, on n'a jamais froid, on travaille dur (et le travail est forcément un travail physique éreintant, un travail d'homme). Moi je suis un intellectuel, un écrivain, mais je me forçais à jouer ce jeu-là, essayant de ressembler à mes voisins et mes potes du volley ball et du ski, couper du bois, réparer des trucs, m'échiner au potager etc..

Quand j'ai quitté le Cantal, ça a été une grande libération. Semblable à celle que j'avais vécue à 18 ans quand j'ai réussi à m'intégrer dans les milieux punks/créatifs underground de Poitiers (où j'ai pu explorer ma bisexualité sans complexe - c'était un des aspects de ce monde souterrain qui m'a réellement enthousiasmé. À cette époque, je pouvais jouer à fond sur le registre androgyne, quelque part entre les goths et les punks. J'étais efféminé ? Soit !)

Et donc, depuis quelques années, en vieillissant, je me sens capable d'assumer de nouveau, comme à 20 ans, ce que j'appelle maintenant, grâce à des tas d'autrices et d'auteurs que j'ai lu‧es, ma "queerness" - qui n'est pas d'ailleurs seulement une affaire de contexte social, mais une manière d'être au monde (rechercher délibérément la complexité, l'incertitude, le flou, naviguer à la frontière, à la marge etc..).

Enfin, cette violence masculine, oui, elle est encore omniprésente, extériorisée et et/ou intériorisée (et l'impératif de masculinité colle à la peau comme dirait Sara Ahmed, il impose des comportements, des attitudes qu'on adopte sans y penser.)

@danahilliot
Le calme de cette pression massive me frappe.
C'est comme si la norme était tranquille : presque tout le monde et les institutions la font prospérer. Elles l'imposent en redessinant le cadre en permamence et en micro-aggressant les contrevenant·es.

@patriarcat @sociologie

@estelle @patriarcat @sociologie

Oui, c'est la puissance extraordinaire de la norme. En lisant ta remarque, je pense très fort aux réflexions de Sara Ahmed 😍 (dont je suis un fan transi) sur la manière dont les récits collent à la surface des corps - la longue histoire des assignations répétées, genrées, raciales, etc... Ce qui fait que, quand un corps se présente, arrive dans l'espace perceptif, il est la plupart du temps DÉJÀ pensé, DÉJÀ qualifié, DÉJÀ rangé dans les catégories du jugement.
Tout son travail consiste à montrer comment la manière queer d'être au monde (ou d'habiter le monde) consiste au contraire à désapprendre (ou perturber) les inscriptions qui collent à la peau - et hantent les expériences de rencontre avec l'autre. C'est extrêmement profond (et génial) : l'idée d'une phénoménologie queer, qui permet de penser comment se débarrasser des couches de sédiments et de stigmates accumulées sur les corps. C'est pourquoi il faut "devenir queer" (ou le redevenir si on considère qu'un enfant naît queer, comme le pensaient Freud et surtout Mélanie Klein, même si iels ne le disaient pas comme ça 😅 ). C'est un travail parce que la relation à l'autre est déjà "donnée", déjà marquée par des siècles de stigmatisation, de qualifications. Qui, pour la plupart hantent les corps de manière silencieuse, sans qu'il soit besoin de les proférer.

J'ai essayé de présenter quelques aspects de cette pensée ici :

outsiderland.com/danahilliot/l

(ah j'aime bien cette idée de "micro-agression" - ça me fait penser à une théorie en analyse de Masud Kahn (par ailleurs un type pas très sympathique) de « traumatisme cumulatif » (une accumulation de micro-traumatismes : rien de "spectaculaire" ou qui semble valoir la peine qu'on en fasse état. Une sorte de business as usual, qui "prospère" comme tu dis, dans le fonctionnement silencieux et habituel des institutions.)

outsiderland.comL’expérience vécue de la racialisationEn guise d’introduction, je citerai deux textes que Sarah Ahmed commente son essai de phénoménologie politique, The Cultural Politics of Emotion (2004, réédition 2014) D’abord, un souv…